Hier, j'ai discuté avec une amie qui se fait du soucis pour moi. Nous avons discuté de mon couple, où en tout cas de ce qu'il était. Elle m'a posé une question que je n'avais pas eu vraiment besoin de me poser auparavent tellement ça me semblait évident. Mais comme je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, j'ai eu tout le temps d'y penser vraiment, en détail, pour savoir vraiment quoi répondre. Elle m'a demandé si elle pensait que c'était vraiment l'homme de ma vie, et si j'en étais sur et certaine.
Quand j'étais petite, je m'étais fait une idée très précise de l'homme qui partagerait ma vie.
On a tous et toutes entendu parler de ce beau prince charmant qui viendrait enlever sa princesse pour la sauver d'un danger. Comme toutes les petites filles, je pense, j'ai aussi rêvé de ça, même si très jeune j'avais déjà conscience que le "prince" n'était pas forcément quelqu'un de riche, beau, grand, fort, intelligent, connu, avec un immense chateau et une armée de serviteurs à ses pieds. Très jeune, vers 8/9ans peut-être, je me suis simplement dit : "l'homme de ma vie, ce sera simplement un homme bon pour moi."
Je n'ai pas eu une enfance heureuse, pour diverses raisons que je ne citerai pas ici pour l'instant. Toujours est-il que pour moi, depuis très jeune, je me suis toujours dit qu'un jour, grâce à l'homme de ma vie, je serais une nouvelle personne, une femme heureuse, épanouie et confiante.
Pour moi, ce serait celui qui me permettrait de quitter l'enfer dans lequel je me sentais enfermée en me montrant beaucoup de tendresse, d'amour et saurait me redonner confiance en moi et en l'avenir. Je l'ai imaginé gentil, simple, généreux, bon vivant, drôle. Je l'ai imaginé romantique sous ses airs de gros dur, protecteur. Je voulais voir dans ses yeux, dans ses gestes, l'amour qu'on ne décrit pas avec des mots. Je voulais l'admirer pour la personne qu'il est et je voulais qu'il m'admire pour celle que je suis.
J'ai cru avoir trouvé cette personne avec mon premier petit copain. C'est vrai, il m'a fait quitter la maison familiale où j'étais malheureuse. Je me suis attachée à cette idée, tout en sachant que c'était peine perdue mais j'ai bataillé pour rester avec lui, jusqu'a me perdre encore plus. J'ai imaginé des projets d'avenir avec lui parce que c'est ce qu'il voulait parce que c'est ce qu'il faut faire quand on est en couple, mais au fond de moi je n'en avais pas vraiment envie, je ne me sentais pas prête. C'est pourtant lui qui m'a quitté. J'ai mis du temps à me remettre de sa violence, verbale, physique, j'étais sortie d'un enfer pour entrer dans un autre encore plus malsain. Je ne m'en rendais même pas compte, j'ai cru être amoureuse plusieurs fois, mais j'avais juste peur d'être seule. Je me suis jetée dans des relations que je savais sans espoir juste pour ne pas etre seule. J'en étais arrivée à me dire que finalement, le prince charmant et tout ça c'était des grosses conneries, qu'il n'y avait pas d'homme pour moi, que je n'étais pas digne d'être aimée puisque toutes les personnes auquel je m'accrochais partaient toutes les unes après les autres, que ce soit la famille, les amis, les amoureux. Plus d'une fois, je me suis attachée à des gens qui se sont éloignés de moi, chaque fois je souffrais un peu plus.
Depuis mon enfance jusqu'à il y a peu, je me suis enfermée dans une coquille. Je suis restée méfiante, persuadée qu'on ne m'aimait pas vraiment, que c'est moi qui me faisait des idées pour ne pas etre seule. Petit à petit, ça a tourné en boucle dans ma tête, j'étais enfermée, prisonnière de cette carapace, et je ne savais pas quoi faire pour en sortir. Pour moi, je serais toujours ainsi malheureuse, triste, et prisonnière. Mon propre corps, ma propre tête et mon coeur étaient ma propre cage, comme un animal abandonné.
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Et puis, un jour, c'est comme si la porte de cette cage s'était entrouverte quelque seconde, le temps d'y faire entrer quelqu'un pour me tenir compagnie. Quand je l'ai vu, j'ai de suite compris que quelque chose était différent. Je ne savais rien de ses intentions envers moi : amicales ? amoureuses ? Mais je savais une chose, il ferait partie de ma vie différemment. On s'est apprivoisé, jours après jours. Il m'apportait une certaine paix intérieure que j'ai eu du mal à comprendre et à admettre au début. Dans son regard, j'avais l'impression de vivre, d'exister. A l'intérieur de moi, j'avais une sensation étrange, un espoir enfoui depuis longtemps, depuis toujours peut-etre.
Un soir, il est venu chez moi, j'étais attiré vers lui comme un aimant mais trop inquiète de me tromper sur ses intentions pour me laisser aller. Quand nos corps se sont rapprochés, cette sensation étrange m'a envahit des pieds à la tête : quand nos lèvres se sont liées pour la première fois, ma douleur intérieure m'a quitté instantanément.
Je me suis rendue compte bien après que celui que j'esperais depuis toujours été à mes cotés. J'avais l'esprit trop torturé, trop blessé pour m'en rendre compte.
Cet homme, comme dans mes rêves, est doux et attentionné. Il a l'air sûr de lui et fier mais c'est quelqu'un de fragile et fort à la fois. Il apaise mes craintes et mes doutes avant d'affronter les siens. Il me transperce de son regard comme si j'étais la femme la plus belle et la plus parfaite du monde, tout en étant parfaitement conscient de mes défauts. Il me fait découvrir l'échange, le partage, la douceur d'instants simples qu'il transforme en évênements. Il me surprend quand je n'attend rien de sa part. Même dans les épreuves, il est à mes côtés, même maldroitement mais il fait en sorte que je ne me sente plus seule. Il m'apporte sa version des choses pour ne pas que je sombre d'avantage, pour que j'aille toujours vers le haut.
Les mois ont passé à ses côtés et j'ai laissé la porte de ma cage entrouverte, sans pour autant en sortir. Avec lui, j'ai eu envie de me dire : "un jour je sortirai." J'ai imaginé réellement un avenir avec lui. Je me voyais parfaitement finir mes jours dans ses bras, nous apporter un foyer, une famille. Pour la première fois, je faisais des projets d'avenir parce que j'en ressentais l'envie profonde et non pas parce que c'est comme ça la vie, il faut faire comme tout le monde. Pour la premiere fois, je n'étais pas avec quelqu'un pour ne pas etre seule, mais parce que c'était lui et seulement lui.
Malheureusement, toutes ces années à l'intérieur de ma cage, m'ont empêché de prendre sa main quand il me proposait de m'en échapper pour de bon. Je suis restée dans ma prison (mon corps, ma tête envahis de douleur et de tristesse) Ce n'est que quand il est parti que je me suis rendue compte à quel point j'avais besoin de sortir de ma carapace, à quel point j'avais besoin d'aide. Il m'a tendu la main, par protection, par amour, et à plusieurs reprises et je n'ai pas su la prendre. Lui il a su comprendre que j'étais enfermée à l'intérieur de moi-même et qu'il fallait que je me libére, mais j'ai eu peur.
On dit qu'on se rend toujours compte trop tard de ce que l'on a perdu...
Aujourd'hui, avec ce traitement, j'ai l'impression d'avoir un pied dans ma cage, et un pied dehors. Je ressens un peu de peur qui me tient à l'intérieur de la cage, et j'ai les idées claires et je me sens bien pour regarder dehors. Je sais qu'un jour j'en sortirais complètement. Parce qu'aujourd'hui, je sais que hors de la cage, il y a une personne qui saura faire en sorte que je n'y retourne plus, une personne qui va me faire découvrir le monde à l'extérieur de moi. Et je vivrais, pleinement, la vie pour laquelle je suis destinée au dehors... J'espère seulement qu'il me tendra à nouveau la main pour y parvenir...